Même si ça n’a aucun rapport avec le World nuclear report dont je voulais juste signaler, qu’on aime ou pas le nucléaire, il faut constaster que c’est sacrément sur le déclin.
Peut-être que la planète entière a tord, mais le fait est là. Et les causes sont différentes selon les pays :
- Allemagne : idéologie
- Japon : traumatisme
- États-Unis : libéralisme
- France : repos sur les lauriers
- Suisse : pragmatisme
- Chine : besoin de plus d’élec très vite
Mais puisqu’à un moment, on n’a plus parlé du rapport et de ses constats, pour en arriver à des comparaisons à l’échelle micro entre modes de productions, voici quelques élements de réponse.
Tu dis que le nucléaire a provisionné 10% pour le démantellement.
Selon la cour des comptes 25G€ sont provisionnés par EdF (8G€ par le CEA). Autres chiffres cour des comptes
Ça revient donc à 400M€/GW (histoire de comparer un Fessenheim à 900MW et un EPR à 1,6 GW).
Sauf que si on regarde : — Brenelis : 485M€ (bah… tu vois… pour un réacteur de 70MW, on gère) (wikipedia) — Marcoules : estimé à 6G€ (oui, mais ce n’est pas un réacteur, mais une usine de traitement, et suppose que ça c’est le CEA qui paye) (cour des comptes) — Superphenix : estimé à 2G€ (oui, mais ces cons ont utilisé du sodium… vraiment pas malin) (wikipedia) — Mühlenberg : estimé à 1G€ (oui, mais t’as vu le prix de la main d’œuvre suisse aussi…) https://www.rts.ch/info/regions/berne/10947906-la-centrale-nucleaire-de-muhleberg-be-a-ete-definitivement-arretee.html
Conclusion : il est peu probable que l’argent mis de côté par EdF suffise. Mais on n’est jamais à l’abris de la découverte d’un savoir faire et que par la suite ça aille mieux.
Les producteurs ont obligation de prendre en compte.
Pour le photovoltaïque, les panneaux payent une éco-part (comme ton PC) qui finance la filière de recyclage. Bon… on est embêté. On pensait que les panneaux allaient commencer à flancher à 20 ans, mais ils restent vaillants. Du coup la filière reste balbuciante, faute de déchets. Mais concrètement, les panneaux c’est juste du silicium fondu, du verre, de l’alu et des bouts de cuivre. Rien de méchant. Un peu plus compliqué pour les transformateurs, mais ça on en a depuis longtems.
Pour l’éolien, c’est amusant, la question des fondations revient dernièrement, je ne sais pas trop pourquoi.
Pourtant personne ne s’offusque de la bétonisation par les routes (1M de km de route). Si on mettait une éolienne de 5GW tous les 10km de route, on aurait donc 500GW, avec un facteur de charge de 22%, on produirait 960TWh d’élec/an, soit un peu plus du double de la consommation française.
Bref, la question du béton est à côté de la plaque. Mais ok, artificialiser, c’est mal :
- On peut araser et pouf ! retour de l’agriculture dessus. Pas besoin de créer une zone interdite pendant 50 ans.
- Mais surtout, quand l’éolienne est en fin de vie, on va en construire une nouvelle au même endroit ! Plus efficace, plus puissante ! https://fr.wikipedia.org/wiki/Repowering#Le_cas_des_%C3%A9oliennes Ça serait bête de ne pas profiter des infrastructures amorties (fondations, cables…)
le financement du démantellement du nuclaire est probablement sous-estimé et la complexité du nouvel renouvelable exagérée.
Ben tu crois qu’on gère comment en France l’équilibre offre-demande ?
https://rte-france.com/fr/article/bilans-electriques-nationaux
- Hydro ! 13% de la production, hyper pilotable, peut pomper la nuit, turbiner le jour
- Fossile ! environ 10% selon les années
- Interconnection ! 26TWh d’import. Soit 26TWh pour un déficit de production (~5% de la consommation). Pour l’excès c’est dur à estimer.
Bref, dans le système actuel, on a déjà 25% de l’électricité de source flexibles. Le nucléaire en a besoin, tout autant que les nouveaux renouvelables.
Un scénarion de 100% solaire+éolien est tout aussi peu intéressant à challenger qu’un scénario 100% nuclaire.
Maintenant, est-ce qu’on pourrait avoir 75% de renouvelable pour remplacer tout le nucléaire, dur à dire.
Ce qui est sûr c’est qu’à petite dose (20% ?), solaire et éolien participent à l’équilibre offre demande : — la demande est concentrée le jour. Les heures creuses ne suffisent pas à décaler vers la nuit — la demande est concentrée en hiver, quand le vent souffle
Du coup, les émissions de CO₂ en France lié à la production d’électricité on baissé de 30Mt à 20Mt entre 2007 et 2018, grace au solaire et éolien.
Oui, l’intermitence est soucis. Mais pour l’instant, le renouvelable aide l’équilibre offre-demande.
Et on a déjà pas mal d’outil pour la gérer, sans devoir une nouvelle techno ou de nouveaux investissements
Il n’y a aucune subvention à la construction de renouvelable (sauf pour le petit photovoltaïque si on choisit l’autoconsommation et débilités à la marge comme la route solaire de Ségolène Royal).
Par contre il y a effectivement un prix d’achat garanti. De l’ordre de 70€/MWh pendant 10 ans, puis dégressif.
Tout comme les 5 et 6e EPR (Hinkley point) ont un tarif d’achat d’environ 100€/MWh pendant 40ans.
Ce n’est pas financé par l’impôt (budget de l’état), mais par une contribution sur la facture d’élec en recyclant le mécanisme qui fait que dans les DROM ils payent le même kWh alors que les moyens de production sont beaucoup plus chers.
J’avais fait un thread là-dessus avec l’angle allemand https://twitter.com/tristramg/status/1162695576410034177 La situation en France est plus compliquée. Plein de volte-face, des complexités absurdes, etc.
Yep ! les renouvelables sont aidés, mais par les consommateurs, non pas par l’état. Et moins qu’on ne le croit.
Et le nucélaire bénéficie aussi d’aides, par exemple par la recherche (https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/recherche-et-developpement-lenergie#e2) ou le sauvetage d’Areva https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/le-sauvetage-d-areva-par-l-etat-est-engage-743939.html
Voila pour moi:
https://gist.github.com/Saruspete/b1bccaa23d3b126f32bc5508aef64710