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August 10, 2016 16:47
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[traduit de l’anglais, version original plus bas] | |
J'ai écrit mon mémoire sur le rôle social de l'humour (dans la littérature et le cinéma) et voilà mes conclusions sur le fameux “c’est juste une blague”. | |
Ce n'est jamais “juste une blague”. Personne ne fait jamais “juste une blague”. L'humour est un acte social qui possède une fonction sociale (toujours). Dire que l'humour est un acte social, c'est affirmer qu'il est toujours situé dans un contexte social, on ne rigole pas tout seul. L'humour est un moyen de se lier/interagir avec les autres. Tout ça pour dire, l'humour est un moyen avec lequel nous construisons l'identité, ce que nous sommes en relation aux autres. Nous utilisons l'humour pour former des groupes et trouver sa place à l'intérieur ou en dehors de ces groupes. | |
Pour faire court, blaguer/l’humour est un outil avec lequel nous sommes assimilés ou exclus. | |
En d’autres mots, nous utilisons l’humour pour inclure des personnes - ou les exclure - de nos groupes sociaux. Voilà l’impact de l’humour, son utilité. En conséquence, notre façon d’utiliser l’humour est lié à l’éthique, à qui nous accordons du crédit, qui nous évitons, et comment ou pourquoi. Cette fonction d’assimilation ou d’aliénation de l’humour fonctionne non seulement avec les gens mais également avec les idées. Et c’est important. | |
C’est pourquoi, par exemple les blagues racistes, sont nocives. Pas seulement parce qu’elles servent à rejetter certains groupes de personnes, mais aussi parce qu’elles servent à assimiler les idées racistes (l’idéologie de rejet de certains groupes basées sur leur race). Et nous en arrivons à [Donald] Trump. | |
Une blague raciste envoie un message au groupe que le racisme est accepable. (Si vous le jugez inacceptable, vous êtes à l’extérieur du groupe.) La personne proférant la blague pourrait dire que “c’est juste une blague”, mais il ne rétorquera cela qu’à l’extérieur du groupe. Il n’a pas besoin de se défendre à l’intérieur du groupe. C’est pour cela que ce n’est jamais “juste une blague”. A l’intérieur du groupe, aucune défense n’est nécessaire, l’idée convoyée est acceptée ou acceptable. Donc quand Trump blague sur des assassinats ou révoltes armées, il demande au groupe d’assimiler/accepter cette idée. Voilà l’impact des blagues. | |
Et quand il dit “c’est juste une blague”, c’est une défense vis-à-vis de l’extérieur du groupe auprès duquel il n’y a jamais de toute façon de volonté de les assimiler. | |
En effet, pour en revenir au début, la balgue en elle-même est un moyen de définir l’intérieur du groupe et l’extérieur du groupe, au travers de l’assimilation et exclusion. | |
Si vous êtes prêts à accepter “c’est juste une blague” comme défense, vous entrez volontairement dans le groupe où l’idée convoyée par la blague est acceptable. En d’autres mots, si “c’est juste une blague” excuse des blagues racistes, alors le groupe a accepté les idées racistes comme faisant partie intégrante des idées du groupe. Pareil pour les “blagues” sur les révoltes arméess ou l’assassinat d’Hillary Clinton. Ca ne peut jamais être accepté comme “juste un blague”. | |
Maintenant une réserve : l’humour (comme tout language) est compliqué et toujours sujet à interprétation. Par exemple, il peut y avoir un humour raciste qui dans les faits sert à rejetter (plutôt qu’assimiler) les idées racistes. Par exemple, la satire ou la parodie. Mais je penses qu’il est plutôt clair que Trump n’était pas en train de faire une forme complexe d’humour. Il faisait “juste une blague”. Dans le pire des sens. | |
Pour en finir, n’acceptez jamais “c’est juste une blague” comme une excuse pour ce qu’a dit Trump aujourd’hui [ndlr: ou ton pote tellement pas raciste et tellement pas sexiste parce qu’il dit bonjour à sa voisine maghrébine]. Le groupe qui répond favorablement à cette blague devrait être ridiculement petit. Comme ses mains. | |
[English] Source : https://twitter.com/5thCircAppeals/... | |
I wrote my PhD dissertation on the social function of humor (in literature & film) and here's the thing about "just joking." | |
You're never "just joking." Nobody is ever "just joking." Humor is a social act that performs a social function (always). To say humor is social act is to say it is always in social context; we don't joke alone. Humor is a way we relate/interact with others. Which is to say, humor is a way we construct identity - who we are in relation to others. We use humor to form groups and to find our individual place in or out of those groups. | |
In short, joking/humor is one tool by which we assimilate or alienate. | |
In other words, we use humor to bring people into - or keep them out of - our social groups. This is what humor *does.* What it's for. Consequently, how we use humor is tied up with ethics - who do we embrace, who do we shun, and how/why? And the assimilating/alienating function of humor works not only only people but also on *ideas.* This is important. | |
This is why, e.g., racist "jokes" are bad. Not just because they serve to alienate certain people, but also because they serve to assimilate the idea of racism (the idea of alienating people based on their race). And so we come to Trump. | |
A racist joke sends a message to the in-group that racism is acceptable. (If you don't find it acceptable, you're in the out-group.) The racist joke teller might say "just joking" - but this is a *defense* to the out-group. He doesn't have to say this to the in-group. This is why we're never "just joking." To the in-group, no defense of the joke is needed; the idea conveyed is accepted/acceptable. So, when Trump jokes about assassination or armed revolt, he's asking the in-group to assimilate/accept that idea. That's what jokes do. | |
And when he says "just joking," that's a defense offered to the out-group who was never meant to assimilate the idea in the first place. | |
Indeed, circling back to the start, the joke *itself* is a way to define in-group and out-group, through assimilation & alienation. | |
If you're willing to accept "just joking" as defense, you're willing to enter in-group where idea conveyed by the joke is acceptable. In other words, if "just joking" excuses racist jokes, then in-group has accepted idea of racism as part of being in-group. Same goes for "jokes" about armed revolt or assassinating Hillary Clinton. They cannot be accepted as "just joking." | |
Now, a big caveat: humor (like all language) is complicated and always a matter of interpretation. For example, we might have racist humor that is, in fact, designed to alienate (rather than assimilate) the idea of racism. (Think satire or parody.) But I think it's pretty clear Trump was not engaging in some complex satirical form of humor. He was "just joking." In the worst sense. | |
Bottom line: don't accept "just joking" as excuse for what Trump said today. The in-group for that joke should be tiny. Like his hands. |
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