Lancée elle-même par un projet Kickstarter de 8.6 millions de dollars, la compagnie derrière la console Ouya propose de donner un sacré coup de pouce aux meilleurs projets de jeux de la plateforme de financement participatif, en échange de l’exclusivité.
Il y a deux mois à peine, on présentait Towerfall, l’une des meilleurs raisons selon certains d’acheter une console Ouya, la petite nouvelle dans le monde des boîtes pas chères qu’on branche à sa télé. Aujourd’hui, dans sa chasse aux exclus, la compagnie mère annonce un projet pour propulser certains projets Kickstarter encore plus loin.
La Ouya a encore ses preuves à faire – se frayant un chemin entre le fantôme des rumeurs d’une console Google ou Apple, et l’incompréhension des joueurs trop confortables sur leur console next-gen, le petit cube continue néanmoins à faire parler de lui et toujours en montrant que son architecte en chef, Julie Urhman, n’aime décidément pas faire les choses comme les autres.
On se rappelle notamment du pari risqué qui consistait à faire du marché d’applications Ouya un endroit où tout est gratuit à essayer, de la simplicité presque excessive de l’interface, et de certains choix ergonomiques discutables (comme avoir un touchpad sur les contrôleurs) – chez Ouya, on fait différent, mais on ne fait pas n’importe quoi.
(Image: Julie Uhrman)
En effet, si les partenariats avec des grands noms, qui ont permis à des titres comme Sonic 4 ou Final Fantasy III d’être porté sur la console, ont plutôt déçu – portage raté, fait à la va-vite pour honorer des promesses de lancement – Ouya se lance maintenant dans une toute autre aventure: pour rester fidèle à son ADN populaire, la compagnie va chercher des exclus au berceau, en l’occurence, Kickstarter.
Dans une annonce publiée aujourd’hui sur le site officiel, Uhrman détaille les piliers de leur nouveau plan « Free The Games », ainsi que ses règles: les projets lancés dès le 9 août 2013 et concluant leur Kickstarter avec succès avant le 10 août 2013, verront leurs fonds doublés par Ouya jusqu’à 250’000
En contre-partie, les développeurs prennent l’engagement de sortir le jeu en exclusivité sur Ouya pour au moins six mois. Bien assez long pour fournir des arguments à ceux qui hésiteraient encore à mettre la main au porte-monnaie, mais pas assez long pour être un réel handicap vis à vis d’autres plateformes telles que Steam ou d’autres consoles de jeux.
A la question: « Si Ouya a à disposition 1.1 millions de dollars à mettre pour sponsoriser le développement de jeux vidéos, pourquoi ne pas directement contacter des équipes de développement, choisir et suivre certains projets vous-même? », Uhrman a répondu « Les projets Kickstarter qui réussissent montrent qu’ils ont déjà trouvé leur première audience. » Une recherche d’assurance qui n’est pas sans rappeler la manière dont la console elle-même a été propulsée.
En bref, c’est la voix du peuple qu’Ouya recherche à travers cette initiative. On peut faire le parallèle avec Steam Greenlight, avec un joli bonus en prime. Reste encore à voir si Free The Games correspond aux besoins des développeurs – Mike Rose écrit sur Gamasutra son incompréhension face à un tel projet, qui semble-t-il, dilapide des dizaines de milliers de dollars sur un projet en particulier au lieu de privilégier une certaine diversité.
Pour les développeurs, la perspective d’un budget plus gros que prévu n’est pas nécessairement alléchante: début juillet, le studio Double Fine appelait à l’aide pour finir Broken Age, un projet Kickstarter un peu trop fructueux, dont l’équipe avait revu la portée à la hausse et avait utilisé l’intégralité de son budget sans pouvoir finir le jeu.
Le verdict? Une initiative intéressante mais qui soulève autant de questions qu’elle n’apporte de réponses. Rendez-vous courant 2014 pour voir si elle aura porté ses fruits!